Le changement climatique entraine de nouvelles problématiques, auxquelles les élevages bovins et exploitations laitières n’étaient pas ou peu confrontés auparavant. En effet, les animaux d’élevage sont de plus en plus soumis à de fortes températures, des conditions climatiques stressantes impactant directement leur bien-être, leur environnement, et plus globalement l’exploitation agricole. Dans cet article, nous revenons sur les stress impactant vos animaux, l’effet que cela entraine sur la production et l’exploitation, ainsi que sur les solutions que l’agrivoltaïsme pourra apporter.
Qu’est-ce que le stress thermique et quel est l’impact sur les élevages bovins ?
Les animaux subissent fortement la hausse des températures, notamment lors des périodes estivales. C’est lors de ces pics de température qu’intervient le stress thermique indiquant l’incapacité d’un animal à maintenir ses capacités thermorégulatrices.
Il semblerait que les bovins subissent généralement un stress thermique à des températures supérieures à 25°C (Eigenberg et al., 2003). Le confort thermique des animaux ne dépend pas uniquement de la température de l’air puisqu’elle interagit avec d’autres paramètres climatiques : humidité, vitesse du vent et radiations solaires. L’ensemble de ces paramètres définit la température ressentie par l’animal.
De plus, certains facteurs intrinsèques à l’animal (race, âge ou alimentation) influencent également la sensibilité au stress climatique. Une exposition prolongée ou répétée à un stress thermique impacte la santé des bovins, leur comportement ainsi que leur capacité de reproduction et de production.
Les différents impacts sur les élevages bovins
L’impact sur la santé, le comportement et la reproduction des bovins
Concernant les questions de santé, un stress thermique important peut réduire l’efficacité du système immunitaire et dans les cas les plus graves mener à la mort de l’animal. L’ANSES a notamment mis en évidence un excès de mortalité chez les bovins de 24% pendant la canicule de 2003 et de 12% pendant celle de 2006 (Morignat et al., 2018).
D’autre part, un changement de comportement ou de l’état de l’animal peut être observé. En effet, pour réduire les effets des stress thermiques, le bétail augmente le temps passé debout par rapport au temps passé couché, pour augmenter la surface de peau en contact avec l’air et maximiser l’évaporation. Ces comportements peuvent engendrer indirectement des lésions podales ou de fourbure (Allen et al., 2015). De plus, toujours pour se protéger de la déshydratation lors de fortes chaleurs, les bovins boivent jusqu’à 20% de leur poids corporel, contre 10% le reste du temps (Shephard & Maloney, 2023).
Le confort thermique affecte également la reproduction, avec une baisse de la conception de 31% à 12% lorsque les vaches sont soumises à un stress thermique modéré à sévère (Schüller et al., 2014)
L’impact sur la production laitière et de viande
Le changement climatique a un impact direct sur la quantité et qualité de la production de lait de vache. Le taux protéique, notamment le taux de caséine du lait, est plus faible lors de fortes températures, et génère des répercussions en aval sur la production fromagère (Cowley et al., 2015).
En 2015, année particulièrement chaude, la perte en Europe serait estimée entre 70 et 550 kg de lait par jour pour un troupeau de 100 vaches laitières à cause du stress thermique. En conditions optimales, ce troupeau produirait en moyenne 1500 kg de lait par jour.
Enfin, le stress thermique exercerait une influence sur le poids et donc la production de viande lors des périodes où les animaux réduisent leur prise alimentaire.
L’impact sur l’exploitation agricole
L’ensemble des impacts précédemment cités entraînent des répercussions directes sur l’activité et la pérennité d’une exploitation dans son ensemble : que ce soit en termes de quantité et qualité du rendement final, viande, lait, fromage. Il est donc nécessaire, pour les éleveurs, de trouver des solutions pour y faire face.
Certaines mesures d’évitement sont déjà mises en place. En zone de montagne, l’estive, c’est-à-dire la montée en altitude des animaux, est un levier très efficace d’adaptation aux températures chaudes : environ 6°C de baisse de température sont obtenus pour une élévation de 1000m. Dans les autres zones, les animaux peuvent être rentrés en bâtiments. Ils sont à la fois rentrés pour les protéger d’un contexte météo défavorable (très fortes chaleurs) mais également parce que la prairie est brulée.
Les bovins n’ont donc rien à manger si l’exploitant n’achemine pas du fourrage sur les parcelles. Cette réorganisation engendre ainsi nécessairement l’achat d’aliments concentrés, ou l’utilisation anticipée du stock de fourrages et impacte les charges d’exploitation annuelles (ONERC, 2023).
L’agrivoltaïsme peut apporter une solution concrète face à ces nouvelles conditions. Explications.
La solution de l’agrivoltaïsme
Les principes de l’agrivoltaïsme
L’agrivoltaïsme a pour objectif de créer une synergie entre la production principale agricole et la production d’énergie. Les bénéfices apportés à la production agricole sont générés par une atténuation des conditions climatiques néfastes, grâce à l’ombrage et ont des effets sur le confort thermique des animaux d’élevage et sur la production fourragère de la prairie.
Les bénéfices apportés par l’ombrage sur le confort thermique des bovins
L’ombrage permet d’améliorer les capacités de thermorégulation des animaux et ainsi de réduire les stress thermiques. Des études ont notamment permis de montrer que, sous ombrage, les génisses sont moins en mouvement et augmentent le temps passé à pâturer (Mode & Aupiais, 2018). En parallèle, des études mettent en avant que lors de températures et de rayonnements solaires élevés, le bétail cherche activement un abri pour éviter le rayonnement direct.
Cet ombrage peut être apporté par des structures agrivoltaïques. De plus, afin d’abaisser leur température, les bovins limitent l’ingestion et la rumination, qui participent à l’accumulation de chaleur. L’apport d’ombre améliore la capacité d’ingestion et permet par cela d’améliorer l’état de santé des vaches et finalement leur capacité de production (Gaughan et al., 2010).
Ainsi, en améliorant le confort thermique des vaches par apport d’ombre, des effets positifs pourraient être observés sur la santé du troupeau, la capacité de la production de viande et les performances de reproduction.
Les bénéfices pour l’exploitation
Nous voyons donc comment le système agrivoltaïque, en apportant de l’ombrage lors de certaines périodes cruciales, permet ainsi de générer des bénéfices à l’échelle de l’exploitation. Les effets positifs observés sur le confort thermique des animaux et sur la qualité du pâturage pourraient améliorer les performances de production, et ainsi augmenter les revenus de l’exploitation agricole.
Etudes de faisabilité et viabilité économique
L’élaboration d’un projet d’agrivoltaïsme commence par une étude de faisabilité technique, qui analyse les usages actuels du site, la topographie, les zonages environnementaux et patrimoniaux, ainsi que les possibilités de raccordement. Une étude d’impact environnemental est aussi réalisée pour évaluer les effets sur la biodiversité et définir des mesures compensatoires. À cela s’ajoutent des analyses de viabilité économique pour s’assurer du potentiel financier du projet.
Choisir la technologie agrivoltaïque adaptée
Plusieurs technologies agrivoltaïques peuvent répondre aux enjeux des exploitations bovines. La hauteur des structures sera adaptée en fonction des animaux :
- Les trackers 1V et 2V, structures aux panneaux rotatifs, permettent de moduler l’ombre via un pilotage dynamique.
- Les panneaux fixes apportent de l’ombre aux animaux tout en permettant de conserver l’humidité du sol. Ceci contribue à une meilleure pousse et une meilleure qualité d’herbe, et ainsi une meilleure alimentation pour le troupeau.
- Les panneaux bifaciaux verticaux viennent quant à eux créer un effet brise-vent et limitent l’assèchement de la prairie.
Vous avez un élevage et pensez à vous lancer en agrivoltaïsme ? Contactez-nous !