Agrivoltaïsme en Bourgogne : Découvrez le témoignage de Jean-Philippe Delacre, agriculteur

Découvrez le témoignage de Jean-Philippe Delacre, agriculteur sur l’exploitation où se trouve le site agrivoltaïque du Channay inauguré en 2021 par TotalEnergies. Situé en Côte d’Or, en Bourgogne, il s’agit d’un projet en grandes cultures (blé, orge, lentille, luzerne entre autres). Après déjà 3 ans d’exploitation, voici les premiers retours et observations !

Ombrea : Pouvez-vous vous présenter, ainsi que votre exploitation ? 

Jean-Philippe Delacre : Je m’appelle Jean Philippe Delacre, je suis agriculteur depuis 2017 sur l’exploitation agricole que j’ai repris à la suite de mon père. Sur cette exploitation, nous faisons des grandes cultures sur les plateaux argilocalcaires superficiels du châtillonnais.

Quelles problématiques rencontriez-vous dans votre métier au quotidien (liées au climat, aux réalités économiques etc.) ?

JPD : Les conditions d’exercice de notre métier ont beaucoup changé depuis une vingtaine d’années. 3 problématiques sont apparues. La première, c’est la concurrence de nouveaux pays émergents dans le secteur agricole comme la Russie. La seconde, ce sont des contraintes environnementales qui existent chez nous et qui n’existent pas chez les concurrents. Et la troisième, ce sont les aléas climatiques qui sont de plus en plus importants, avec des périodes de sécheresse de plus en plus intenses et des périodes de précipitation de plus en plus longues aussi, rendant l’exercice de notre métier de plus en plus complexe.

Jusqu’alors, comment faisiez-vous face à ces problématiques ?

JPD : Jusqu’à présent, les solutions qui ont été utilisées pour s’attaquer à ces problématiques par mes parents et les générations d’avant ont été pour la plupart l’agrandissement des exploitations. On se retrouve donc aujourd’hui avec des exploitations qui ont été de plus en plus grandes dans la région et bien plus grandes que dans les régions où il y a des bonnes terres. Et la plupart des agriculteurs se sont diversifiés en faisant par exemple la paille sur l’exploitation, d’autres ont fait des poulaillers ou ce genre de choses pour essayer de diversifier et de sécuriser les revenus de l’exploitation agricole.

Comment et quand avez-vous entendu parler d’agrivoltaïsme pour la première fois ?

JPD : La première fois que j’ai entendu parler d’agrivoltaïsme, c’était en 2009, de passage à l’Université de Berkeley, en Californie. En la visitant, j’ai vu des salades qui poussaient sous des panneaux solaires. On m’a expliqué qu’à l’époque, ces panneaux étaient utilisés parce qu’ils avaient des problèmes d’incendies en Californie, et qu’ils avaient de ce fait des problèmes pour maintenir de telles cultures maraîchères. Les panneaux leur permettaient de générer un environnement favorable à la pousse des salades.

Pourquoi vous êtes-vous tourné vers cette solution, et pourquoi avoir choisi Ombrea & TotalEnergies pour vous accompagner dans ce projet ?

JPD : En 2018, après avoir rencontré différents énergéticiens, j’ai choisi TotalEnergies pour me lancer dans l’agrivoltaïsme. Cette année-là, la proposition était la suivante : utiliser des panneaux innovants, qui ressemblent à des haies. Cela m’a tout de suite paru pertinent d’avoir une telle haie opérationnelle immédiatement parce que je n’avais pas besoin d’attendre 15 ans qu’elle pousse. De plus, on ninstaurait pas avec ces panneauxlà une concurrence pour l’eau, notre facteur limitant, contrairement à ce qui aurait été le cas avec des arbres.

La haie allait avoir également un effet brise-vent et un effet d’ombrage apportés aux cultures qui leur rendraient service. De là, on pensait aussi que la bande enherbée présente sous ces panneaux permettrait de jouer un rôle de corridor pour éviter la dissémination des maladies ou des mauvaises herbes dans les champs, mais également un rôle de réserve à biodiversité et un rôle anti-érosif pour éviter la lixiviation et le lessivage des sols. Et c’est avec ces idées là en tête que l’on s’est lancé dans la construction d’un système où on faisait coexister la production agricole et la production d’énergie renouvelable.

Ce qui nous a plu avec TotalEnergies et Ombrea c’est de bénéficier d’un véritable suivi agronomique, car c’est bien la coexistence des 2 activités (production d’énergie et production agricole) et le service rendu aux cultures par les panneaux, qui est important. Ombrea et TotalEnergies nous aident à étudier tous les impacts positifs que peuvent avoir les panneaux sur les cultures en mesurant la réduction du vent, ou encore l’effet d’ombrage au service des cultures grâce à un certain nombre d’indicateurs mis en place.

A ce jour, quel bilan pouvez-vous tirer de ces 3 années de projet ?

JPD : On peut d’ores et déjà voir que les panneaux ont un premier effet sur la réduction du vent, de l’ordre de 20%, ce qui permet de protéger en hiver du vent glacial et en été du vent chaud qui assècherait tout d’un coup. On a également l’effet positif de l’ombrage qui permet de maintenir de l’humidité à certains moments dans la journée, et l’effet de la bande enherbée qui se trouve au pied des panneaux permettant de lutter contre l’érosion, et d’héberger des auxiliaires rendant service aux cultures.

Donc pour l’heure, les résultats sont plutôt encourageants parce qu’après 3 années, il semblerait que tous les ans, le rendement s’améliore continuellement entre les panneaux, tant dans la quantité que la qualité du grain récolté. Le projet va continuer encore un certain nombre d’années pour confirmer les résultats, mais il semblerait bien que les panneaux aient un effet positif sur la bande culturelle. Mon regard sur l’agrivoltaïsme est donc aujourd’hui très positif.

Avec ce système, où l’on fait coexister production agricole et production énergétique, on arrive à avoir un projet durable générant un revenu complémentaire nous permettant de poursuivre sereinement notre activité agricole. Nous pouvons donc continuer d’inscrire notre exploitation agricole dans le temps en assurant sa pérennité. Et c’est cette pérennité et cette lisibilité économiques qui nous aident à encaisser des aléas climatiques qui sont de plus en plus importants. 

Quelles sont vos attentes pour la suite ? Que pouvons-nous vous souhaiter ?

JPD : Ce que j’espère pour la suite, c’est que l’agrivoltaïsme se développe dans des régions comme la nôtre où les sols ont des potentiels extrêmement limités. En plus de ça, avec la proximité de ces autoroutes de l’énergie, il faut saisir l’opportunité. Mais quand on est agriculteur, une graine, c’est déjà de l’énergie sous forme de calories, donc on continue à produire de l’énergie, mais cette fois-ci sous forme d’électrons, ce qui est finalement très complémentaire !

Pour en savoir plus…

L’ensemble des sites démonstrateurs dOmbrea et TotalEnergies fait l’objet d’un suivi scientifique strict, afin de démontrer la pertinence de nos solutions agrivoltaïques. Nos partenaires scientifiques jouent un rôle crucial dans ce suivi et dans la production de résultats scientifiques annuels. Pour vous tenir informé de la sortie de nos prochains résultats scientifiques, abonnez-vous à la newsletter Ombrea !

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